Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

19 mai 2011

Le FN va présenter aux législatives un tiers de candidats extérieurs

http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/France/Le-FN...

Laurent de Boissieu, la-croix.com, 17/05/2011

02 mai 2011

Marine Le Pen promet un "printemps de la France" en 2012

Le passage du témoin se poursuit à l'extrême droite, avec, dimanche 1er Mai, le premier discours de Marine Le Pen à l'occasion du traditionnel "défilé de Jeanne d'Arc" du FN. Dorénavant président d'honneur, Jean-Marie Le Pen, toujours ovationné par les militants et sympathisants, a donc dû cette année se contenter de lancer La Marseillaise de clôture.

C'est de nouveau une volonté de rupture partielle avec l'ancienne ligne du FN qu'a affichée la présidente du FN, non sans prendre des risques face à l'auditoire classique de son parti. "Qu'on soit homme ou femme, chrétien, juif, musulman ou non croyant, hétérosexuel ou homosexuel, on est d'abord Français!", a-t-elle lancé devant la statue de Jeanne d'Arc érigée place des Pyramides. Tant pis pour les militants de plusieurs fédérations (Bourgogne, Centre, etc.) qui, quelques minutes auparavant, scandaient "Islam hors d'Europe!" ou "première, deuxième, troisième génération: nous sommes tous, des mangeurs de cochon".

Malgré les consignes strictes, de nombreux militants – sans même parler du Département protection sécurité (DPS), le service d'ordre du Front – avaient le crâne rasé et arboraient les marques anglaises fétiches de l'extrême droite radicale (Doc Martens, Lonsdale, Fred Perry). Paradoxalement, si l'absence de références ethno-raciales éloigne Marine Le Pen de la mouvance "identitaire", son social-étatisme la rapproche d'un autre courant ultra, le "nationalisme révolutionnaire". Plusieurs de ses figures étaient présents, en tant que membre du FN (Christian Bouchet) ou non (Serge Ayoub, autrefois connu sous le pseudonyme "Batskin" et refondateur du mouvement Troisième Voie).

Bien que la thématique de l'immigration soit toujours présente, elle a en effet cédé le pas à un discours social dénonçant la mondialisation ou l'ultralibéralisme et à un discours souverainiste – autour de la notion omniprésente de "liberté" – contre "les instances supranationales" (Union européenne, FMI) à l'extérieur et pour une "République référendaire" à l'intérieur. Marine Le Pen n'a d'ailleurs pas hésité à reprendre un vocabulaire marxiste pour qualifier l'immigration d'"armée de réserve du capitalisme". Des propos qui s'adressaient explicitement à plusieurs catégories sociales: retraités, artisans et commerçants (cités deux fois), agriculteurs ou pêcheurs (cités trois fois), ouvriers (cités trois fois), chômeurs, fonctionnaires (cités trois fois), mais aussi classes moyennes en voie de "prolétarisation". Bref, tout le spectre des électorats traditionnels du FN, du monde de la boutique des années quatre-vingt au monde de l'atelier des années quatre-vingt-dix jusqu'aux nouvelles cibles électorales de Marine Le Pen.

La présidente du FN a en outre enrôlé dans son allocution des personnalités dont l'hommage est inhabituel à l'extrême droite: de Victor Schœlcher, père de l'abolition de l'esclavage, à Charles de Gaulle (cité deux fois), ennemi irréductible des nostalgiques du régime de Vichy et de l'Algérie française, en passant par Charles Péguy et Condorcet. Marine Le Pen n'a toutefois pas osé prononcer au micro le nom de Robespierre, pourtant mentionné dans son discours écrit, évoquant simplement "un grand révolutionnaire".

Mais qu'importe pour la fille de Jean-Marie Le Pen si elle prend à contre-pied une partie de ses troupes, puisqu'elle entend avant tout s'adresser à l'ensemble des Français dans la perspective de la présidentielle de 2012. Car celle qui n'hésite pas à dire "quand je serai élue" à la tribune en est persuadée: "Dans un an, nous nous retrouverons, ici, entre les deux tours de l'élection présidentielle (…), nous serons à quelques jours du printemps de la France!".

 

Laurent de Boissieu
La Croix, 02/05/2011 (version légèrement modifiée)

30 avril 2011

François Duprat, une histoire de l'extrême droite

Marine Le Pen ne cesse de le répéter: elle "assume toute l'histoire" du FN.

À l'heure où la fille de Jean-Marie Le Pen entend donner à la formation qu'elle préside une image respectable de "parti comme les autres", Joseph Beauregard et Nicolas Lebourg ont écrit un webdocumentaire passionnant et pédagogique afin de rappeler l'itinéraire du frontiste François Duprat, assassiné en 1978. La veille du traditionnel défilé de Jeanne d'Arc du FN, je vous invite à le visionner:

François Duprat, une histoire de l'extrême droite (LeMonde.fr)

 

En complément, sur mon site France-politique.fr:

- chronologie historique du FN (1)

- les liens entre le FN et l'extrême droite radicale (2)

 

(1) Au passage, j'ai posté ce texte sur cette merde de Wikipédia: "Bonjour, le tableau du bilan de la scission FN/FN-MN-MNR est un travail personnel pompé sur mon site: http://www.france-politique.fr/histoire-fn.htm sans même l'avoir mentionné en source (je soupçonne d'ailleurs bien d'autres pillages). Merci de le retirer promptement, sinon je m'en charge. Cordialement aux contributeurs qui, eux, citent leurs sources et respectent le travail d’autrui. Laurent de Boissieu, journaliste politique."

(2) Il s'agit des dernières pages de mon site n'ayant pas été refaites: désolé pour la présentation et l'absence de mise à jour.

11 avril 2011

Le programme économique de Marine Le Pen demeure imprécis

N.B.: version originale de mon article rédigé vendredi et publié, après coupes et réécriture par le permanencier de dimanche, dans La Croix de ce lundi (1).

 

politique,extrême droite,fn,marine le pen,économie

La présidente du FN s'est entourée d'experts afin de donner de la consistance à son futur projet présidentiel

Opération crédibilisation pour Marine Le Pen: c'est devant des journalistes économiques et non des journalistes politiques que la présidente du FN a tenu à présenter, vendredi, les grandes lignes de son programme économique lors d'un "petit-déjeuner de travail" (aucun journaliste économique de La Croix n'avait été convié). Plusieurs propositions n'étaient cependant pas nouvelles. À commencer par celles déjà présentées en février dernier sur l'immigration (lire  La Croix du 22 février) ou en décembre 2010 sur la "sortie de l'euro" avec une parité "1 euro = 1 franc" et une "dévaluation prévisible de l'ordre de 20 à 25% du Franc".

Parmi les nouveautés, Marine Le Pen n'est toutefois pas entrée dans le détail en ce qui concerne le "protectionnisme raisonné" ou la fusion de l'impôt sur le revenu et de la CSG. Cette dernière mesure est également proposée par le PS, mais ses modalités de mise en œuvre en changent radicalement la nature, du taux unique imaginé par les ultralibéraux aux taux progressifs qui fondent en France l'impôt républicain. Unique mesure précise: le rétablissement de l'échelle mobile des salaires, c'est-à-dire l'indexation des salaires sur l'inflation.

Sur les questions économiques, Marine Le Pen est épaulée par une poignée d'experts. Le seul impliqué dans l'appareil du FN est Jean-Richard Sultzer, puisque ce professeur à l'université Paris-Dauphine est membre du bureau politique du parti et conseiller régional du Nord-Pas de Calais. Parmi les autres experts, certains ont déjà publiquement participé l'année dernière aux travaux du conseil scientifique du FN, notamment Nicolas Pavillon (économiste) et Jean Roux (expert en comptabilité nationale et publique). D'autres, en revanche, sont de hauts fonctionnaires qui souhaitent conserver l'anonymat. C'est le cas de celui qui devrait être nommé directeur de cabinet de Marine Le Pen, un diplômé d'HEC et ancien élève de l'ENA qui aura trente ans cette année et travaille à Bercy.

Les uns et les autres sont les artisans de la mutation idéologique en cours au FN: alors que le parti d'extrême droite défendait auparavant une ligne économique libérale, anti-fiscaliste et anti-étatiste, il récupère aujourd'hui les thèses de ceux qui plaident depuis le milieu des années quatre-vingt en faveur d'une "autre politique", dénonçant le franc puis l'euro forts, le désengagement industriel de l'État ou encore la libéralisation des services publics.

L'un des experts de Marine Le Pen, Jean Roux (ancien du PS), est parallèlement membre du bureau national du Rassemblement pour l'indépendance de la France. Ce dernier parti a été fondé par Paul-Marie Coûteaux, qui travailla successivement avec les deux grandes figures politiques de cette mouvance: Jean-Pierre Chevènement à gauche et Philippe Séguin (décédé en 2010) à droite. Quant au futur directeur de cabinet de la présidente du FN, il avait soutenu Jean-Pierre Chevènement en 2002 et a rencontré Marine Le Pen en 2009 au cours d'un dîner chez un intellectuel de cette mouvance.

La récupération de ces thématiques par l'extrême droite est facilitée par la commune opposition à l'Union européenne. Le FN par nationalisme. Les "républicains des deux rives" comme conséquence d'une réflexion sur la "res publica" (bien public), la démocratie ou la politique économique et monétaire. Il n'empêche, les économistes dont Marine Le Pen ou ses experts utilisent les travaux ne se reconnaissent pas forcément dans les solutions lepénistes. L'un d'eux, Jacques Sapir, a ainsi analysé point par point, dans une tribune publiée en février sur le site Marianne2, le "plan en douze points détaillés" du FN pour "sortir de l'euro". "En l'état, ce programme ne constitue pas une véritable alternative, ce qui bien entendu ne veut pas dire qu'une telle alternative ne soit pas possible", y concluait ce directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales.

Laurent de Boissieu

*
**

 

(1) Version publiée dans La Croix du 11/04/2011:

Le FN maintient le flou sur son programme économique

Marine Le Pen s’entoure d’économistes dont certains viennent de la gauche, afin de donner de la consistance à son projet présidentiel

C'est devant des journalistes économiques et non politiques que Marine Le Pen, présidente du Front national, avait tenu à présenter, vendredi, les grandes lignes de son programme économique lors d'un "petit déjeuner de travail" . Une opération de crédibilisation pour le moins troublante. certains médias – dont La Croix – avaient été tenus à l'écart de la séance au cours de laquelle plusieurs intervenants "experts" du Front national n'ont pas révélé leur identité. Sur le fond, la réunion n'a par ailleurs guère apporté de révélation. Les principales propositions avaient déjà été présentées, comme celle sur l'immigration (lire La croix du 22 février) ou, dès décembre, l'idée de la "sortie de l'euro" avec une parité "1 euro = 1 franc" et une "dévaluation prévisible de l'ordre de 20 à 25%".
Au registre des nouveautés, Marine Le Pen n'est pas entrée dans le détail en ce qui concerne le protectionnisme ou la fusion de l'impôt sur le revenu et de la CSG. Cette dernière mesure est également proposée par le PS, mais ses modalités de mise en œuvre en changent radicalement la nature, du taux unique imaginé par les ultralibéraux aux taux progressifs qui fondent en France l'impôt républicain. Seule mesure précise: le rétablissement de l'échelle mobile des salaires, c'est-à-dire l'indexation des salaires sur l'inflation.
Sur toutes ces questions, Marine Le Pen est épaulée par une poignée d'experts. Le seul impliqué dans l'appareil du Fn est Jean-richard Sultzer, professeur à l'université Paris-Dauphine, membre du bureau politique du parti et conseiller régional de nord-Pas de calais. Parmi les autres, certains ont déjà publiquement participé l'année dernière aux travaux du conseil scientifique du FN, notamment Nicolas Pavillon (économiste) et Jean Roux (expert en comptabilité publique). D'autres, en revanche, sont de hauts fonctionnaires qui souhaitent conserver l'anonymat. C'est le cas de celui qui devrait être nommé directeur de cabinet de Marine Le Pen. Ce trentenaire se présente comme diplômé d'HEC, ancien élève de l'ENA et fonctionnaire à Bercy*.
Les uns et les autres sont les artisans de la mutation idéologique en cours au FN: alors que le parti d'extrême droite défendait auparavant une ligne économique libérale, anti-fiscaliste et anti-étatiste, il récupère aujourd'hui les thèses de ceux qui plaident depuis le milieu des années 1980 en faveur d'une "autre politique", dénonçant le franc puis l'euro forts, le désengagement industriel de l'État ou la libéralisation des services publics.
La récupération de ces thématiques par l'extrême droite est facilitée par la présence de personnalités venues de la gauche. Jean roux est un ancien du PS. Le futur directeur de cabinet de la présidente du FN dit avoir soutenu Jean-Pierre chevènement en 2002 avant de rencontrer Marine Le Pen en 2009*. Les économistes dont le FN utilise les travaux ne se reconnaissent toutefois pas forcément dans les solutions lepénistes. L'un d'eux, Jacques Sapir, a ainsi analysé, dans une tribune publiée en février sur le site Marianne2, le "plan en douze points détaillés" du Fn pour sortir de l'euro. "En l'état, ce programme ne constitue pas une véritable alternative, ce qui bien entendu ne veut pas dire qu'une telle alternative ne soit pas possible", y concluait ce directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales.

Laurent de Boissieu
La Croix, 11/04/2011

*Ce n'est pas lui qui "se présente comme diplômé d'HEC, ancien élève de l'ENA" ou qui "dit avoir soutenu Jean-Pierre chevènement en 2002 avant de rencontrer Marine Le Pen en 2009", c'est une enquête personnelle qui me permet de l'écrire; l'intéressé prétend en effet avoir "envoyé un mail et [son] CV à l'adresse qui figure sur le site Internet du Front" puis avoir rencontré "Marine à la terrasse d'un café" (Le Parisien, 08.04.2011).

08 avril 2011

La percée de Marine Le Pen divise les souverainistes

politique,droite,extrême droite,fn,marine le pen,nicolas dupont-aignan,souverainisme

L'idée d'une alliance avec le FN émerge, mais reste minoritaire chez ceux qui promeuvent une sortie de l'euro ou un retrait de l'Union européenne

La droite souverainiste constitue une terre d'expansion naturelle d'un Front national en quête, depuis que Marine Le Pen le préside, de respectabilité et de crédibilité. De fait, le Rassemblement pour l'indépendance de la France, fondé par l'ancien parlementaire européen Paul-Marie Coûteaux, vient d'appeler à la constitution, "en vue des législatives de 2012" d'une "large alliance des patriotes", allant du FN à la "droite populaire" de l'UMP (Thierry Mariani, Lionnel Luca), en passant par le Mouvement pour la France (MPF) de Philippe de Villiers ou encore Debout la république de Nicolas Dupont-Aignan.

"On ne peut pas reprocher à Marine Le Pen les maux et les mots de son père et continuer comme si elle n'avait pas reconnu que l'Holocauste est le summum de la barbarie, plaide Paul-Marie Coûteaux. Il ne s'agit pas de rallier le FN mais de créer un partenariat, en tenant compte de l'écho que Marine Le Pen rencontre dans le peuple." Ancien proche de Jean-Pierre Chevènement et Philippe Séguin, Paul-Marie Coûteaux ne dissimule pas pour autant ses divergences avec l'extrême droite, estimant notamment que "la menace majeure ce n'est pas l'islamisation mais l'américanisation".

Côté UMP, le refus de toute alliance avec le FN a été réaffirmé dans le contexte des élections cantonales par Nicolas Sarkozy et Jean-François Copé, sous peine d'exclusion du parti. De toute façon, seuls deux élus s'étaient récemment prononcés en faveur d'une telle alliance: le député Christian Vanneste et Xavier Lemoine, maire de Montfermeil (Seine-Saint-Denis). La passerelle idéologique entre le FN et la "droite populaire" ne fonctionne en outre pas sur la question de la souveraineté et de l'indépendance nationales – la quasi-totalité des membres de la "droite populaire" avaient approuvé les traités européens successifs –, mais sur les questions d'identité, d'immigration et de sécurité.

Le refus est tout aussi net chez les autres "partenaires" envisagés par Paul-Marie Coûteaux. "Il faut rassembler les Français sans distinction d'origine, de couleur de peau ou de religion autour d'un projet patriotique, républicain et social", expose le gaulliste Nicolas Dupont-Aignan, lui-même candidat à l'élection présidentielle. "Je me distingue du FN dans la mesure où je ne stigmatise personne, où je ne montre pas du doigt les Français “récents” ou de confession musulmane. Il y a encore trop d'éléments inacceptables dans l'idéologie comme dans les soutiens de Marine Le Pen", conclut le député non-inscrit.

"Se rapprocher du FN violerait notre charte fondatrice", tranche également François Asselineau, président de l'Union populaire républicaine et ancien conseiller de Paris pasquaïen. Effectivement, cette charte "commande de n'attaquer personne en raison de ses convictions religieuses ou de ses origines", "refuse tout extrémisme et tout racisme", et "proclame son attachement à la Déclaration universelle des droits de l'Homme". Favorable à un retrait unilatéral de l'Union européenne tel que juridiquement prévu par l'article 50 du traité sur l'Union, François Asselineau souligne en outre qu'"il n'existe pas de possibilité juridique de sortie groupée de l'euro" telle que la propose le FN.

Enfin, les uns et les autres estiment que l'extrême droite dessert en réalité la défense de la souveraineté nationale. "Le FN est un agent du système car il a ‘‘pestiféré'' l'idée d'une sortie de l'Union européenne en l'assimilant à un discours extrémiste, anti-arabe et anti-immigrés", regrette François Asselineau. "Marine Le Pen reste la meilleure alliée du système car elle ne peut l'emporter au second tour d'une présidentielle ni face au candidat de l'UMP, ni face à celui du PS", renchérit Nicolas Dupont-Aignan.

"Sans le FN, nous aurions une droite solide, pas d'un côté les os et de l'autre les muscles", avance Patrick Louis, secrétaire général du MPF. Bien loin de se rapprocher du FN, le parti de Philippe de Villiers, qui réunira samedi son conseil national, entend au contraire contribuer à muscler la majorité en participant prochainement à un "groupe de travail" aux côtés de la "droite populaire" de l'UMP.

Laurent de Boissieu
La Croix, 08/04/2011